A propos... des mots
Aristocratie, noblesse, galanterie, courtoisie, les définitions.
On peut être "aristo" sans être "noble, et "noble" sans être "aristo", ce sont deux concepts souvent confondus.
Pareil pour la "galanterie" et la "courtoisie", deux concepts, proches, mais différents.
Voyons un peu leur définitions...
ARISTOCRATIE
(du grec αριστοκρατία aristokratia, "gouvernement des meilleurs", composé de αρίστος aristos, "le meilleur", et κρατεΐνη kratein, "commander")
Forme de gouvernement héréditaire (ou pas) tenu par un petit nombre de familles s'estimant mériter le pouvoir. Marchands, riches, lettrés, scientifiques, nobles, militaires...
C'est donc le mérite qui en est le moteur.
Reste à savoir comment on défini qui "le mérite", justement. D'où certains dérapages...
NOBLESSE
(du latin nobilis, altruiste, illustre, noble de naissance, de naissance illustre)
Personne qui manifeste, de la grandeur, de l’altruisme, de la générosité. Un noble cœur. Il a l’air noble, le geste noble. Des sentiments nobles, des pensées nobles.
Toutes les sociétés depuis l'antiquité ont eu une noblesse.
Aujourd'hui, la noblesse n'est plus une classe sociale au service du souverain.
Ne reste donc plus que la noblesse particulière, celle des individus, qu'on voit au travers d'attitudes, de gestes, de valeurs altruistes. Leur seul objectif est donc d'aider son prochain, à l'opposé de la recherche du pouvoir qui caractérise l'aristocratie.
BOURGEOISIE
(du bas latin : burgus, la ville, dérivé en bas vieux français bourgeois, habitant de la ville )
Au Moyen-âge, le mot désigne des gens "sans distinction" (ni paysans, ni nobles), souvent issus du monde du commerce, de la finance, de l'industrie. Souvent aisés, souvent conservateurs, ils participent à la vie urbaine en occupant des postes clés (et rémunérateurs !), comme notaires, avocats, conseillers, patrons d'industrie, grands commis de l'État, hommes d'affaires...
A la Révolution, la bourgeoisie "triomphante" se voit bien remplacer les aristocrates de l'ancien régime aux postes intéressants et rentables.
Ils réinventent des codes "de bonnes manières", copiés maladroitement sur ceux qu'ils croyaient être en usage à la cour. Raté.
GALANTERIE
(de l’ancien verbe galer, "s’amuser", en vieux français du XIVe siècle)
Égards, prévenances, empressements qu’on témoigne aux femmes, dans le but (plus ou moins avoué) de les séduire. Être poli dans l’esprit et les manières.
Les poètes médiévaux, troubadours et trouvères, qui écrivent (pour des femmes de haut rang) chantent les mérites d'un nouvel art d'aimer. Il s'agit de faire honte aux pratiques brutales de certains hommes (enlèvements) et de les conduire non seulement à respecter les femmes mais même à les considérer comme leurs supérieures naturelles.
Bref, techniques médiévales pour draguer...
COURTOISIE
(XIIe siècle, curteisie. Dérivé de "cour", se dit des usages dignes d'une cour royale, en opposition à vilain, habitant d'une "villa", une exploitation agricole. )
Ensemble de bonne manières, de règles de savoir-vivre, digne d'une cour royale. Les poètes médiévaux attribuaient aux "héros" de leur histoires toutes ces qualités. Dans le but de les admirer, et non plus seulement de séduire une dame de haut rang.
SNOB
(XVIIIe siècle, sine nobilitate. En latin : "sans noblesse". Dérivé en "s. nob.", se dit d'une personne ambitieuse, qui veut se donner des faux airs de noblesse, sans l'être.).
Ambition qui consiste à (désirer) fréquenter certains milieux sociaux jugés "supérieurs" et à se faire adopter par eux.
Le snob méprise ou adore quelqu'un ou quelque chose, non pas en raison de sa valeur ou sa qualité, mais juste pour imiter ce qu'il croit être une attitude "noble"... et se plante complètement.
Le mépris ou le sentiment de supériorité n'est pas noble.